Définition
Sous l’Ancien Régime, le mandement est un décret (une ordonnance) qu’un évêque ou, à Liège, le chapitre cathédral de Saint-Lambert sede vacante,
oblige de distribuer et de publier, le plus souvent par l’intermédiaire des doyens ruraux, dans tout ou partie de l’étendue du diocèse et par lequel il donne à voir, à lire et Ã
entendre à tout un chacun ses instructions, tantôt pour promouvoir le culte divin, tantôt pour veiller au salut des âmes. Il existait aussi des mandements du vicaire général et des
archidiacres.
Histoire On l’appelle en latin edictum, mandatum… À l’origine, il est manuscrit. Au XVIe siècle, la forme imprimée prend le relais. Son auteur est l’évêque, le vicaire général ou le synode. Il est rédigé vraisemblablement par un examinateur synodal, le mandatorum confector. Il est placé sous le sceau des armes épiscopales, le seing du vicaire général et le contreseing du secrétaire épiscopal, un chanoine liégeois, licencié in utroque jure, protonotaire apostolique, notaire et administrateur du Grand Scel, également examinateur synodal. |
Les mandements sont donnés dans la ville où réside alors l’évêque, mais le lieu d’impression est normalement Liège. Leurs dimensions varient avec leur contenu. Le tirage, vers 1775, est d’environ 1500 exemplaires distribués aux abbés, aux prévôts et aux doyens, aux plébans et aux curés des 1124 paroisses du diocèse. Ils sont acheminés parfois sous enveloppe affranchie, confiés à des porteurs ou déposés dans des tavernes... Leur langue est le latin et/ou le français, rarement le néerlandais ou l’allemand. Les mandements sont placardés, c’est-à -dire affichés aux valves (des églises). Beaucoup ont connu des antécédents, des ampliations, des rappels. Ils sont renouvelés ou révoqués. Leur application ou leur rayonnement dépend du zèle ou, plus simplement, de la bonne volonté des doyens ruraux, des curés et des fidèles. Certains soulèvent des protestations ; à l’extérieur de la principauté de Liège (le territoire du diocèse ne correspondant pas au territoire de la principauté), on défend de les recevoir, de les publier et de les exécuter s’ils n’ont pas été « placetés », c’est-à -dire approuvés par les gouvernants. D’autres sont cassés du chef d’usurpation de pouvoir. Des faux mandements enfin circulent : on les brûlera après condamnation.
Contenu
Le contenu des mandements est constitué de recommandations (instructions pastorales ou ordres) qui doivent être transmises à tout un chacun. Il s’agit souvent d’un rappel relativement aux pratiques religieuses et sociales. Les mandements peuvent, entre autres, soutenir les édits et les ordonnances des autorités civiles, souligner l’entrée dans une période de jeûne ou l’interdiction du jeu, ou éloigner de pratiques superstitieuses ou immorales. Ils touchent au gouvernement du diocèse, aux sacrements, à la pastorale, à la catéchèse, à la foi, à la morale, aux déviances, aux interdits. Le culte, la dévotion, les cérémonies, les lieux et les édifices du culte, l’instruction et la bienfaisance publiques, les clergés séculier et régulier masculin et féminin, les béguines et les ermites, les prières des 40 heures et les messes spéciales pour le climat et les séismes, les solennités… tout s’y retrouve ou presque. Une partie des mandements est éditée (voir la page Aide).
La collection des Archives de l’Évêché
Les mandements des Archives de l’Évêché de Liège proviennent de l’ancien vicariat général. On y rencontre des placards imprimés et des copies manuscrites. Professeur au Grand Séminaire à Liège, le chanoine Joseph Daris (1821-1905) s’y est intéressé le premier. L’abbé André Deblon (1934-2005), archiviste à l’Évêché, a pris la suite. L’ensemble est à présent dans un excellent état de conservation depuis sa restauration et, scanné puis numérisé, il est mis en valeur sur Internet, projet réalisé avec le soutien du Fonds David-Constant, géré par la Fondation Roi Baudouin. Le savoir-faire de «La Feuille de Pélain» (Michel Fassin) et de Mnémotique s.a. doit être applaudi. Il reste à espérer que les visiteurs et autres utilisateurs du site voudront bien signaler toute erreur ou omission, pour permettre de l’enrichir au plus grand bénéfice de tous.
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